Paradoxe 2

Hier, j'ai complété un deuxième ultra-marathon en sentier et ça a très bien été, ce qui appuie l'étrangeté de cette maladie qui m'afflige. Revenons aux deux semaines passées...

PRT

J'ai entamé ces deux dernières semaines un programme de retour au travail (PRT) au Centre Lucie-Bruneau. En quoi ça consiste? J'allais au centre de réhabilitation où une ergothérapeute me donnait des tâches à accomplir. La première semaine, j'y suis allé deux avant-midis. La deuxième semaine, trois journées complètes (6 heures chaque).

Il y a deux choses principales à noter. Premièrement, les tâches était assez triviales: vérifier des commandes, de l'entrée de donnée dans un chiffrier Excel ou répondre au téléphone pour réserver des salles de réunion. Aussi, l'ergothérapeute me dit d'entrée de jeu qu'elle ne pourrait proposer des tâches proches de mes tâches habituelle de travail mais qu'après ces deux semaines elle contacterai mon employeur pour voir si on peut continuer en milieu de travail.

Constat numéro un: mêmes dans ces tâches mondaines certaines posaient une difficulté particulière. Par exemple, vérifier que les descriptions et prix d'une commande sont correctes en référent à la liste de prix (va et vient entre deux listes). Résultat: fatigue, maux de tête, vision trouble, nausée presque immédiate. Autre exemple, lire les instructions d'une des tâche (aussi très simple). Même résultat qui confirme ce que je ressent quand j'essaie de suivre une recette.

Après deux semaines, jeudi passé, j'ai dut couper ma journée et retourner à la maison suite à ces malaises et à des plaques rouges partout sur mon corps. Bizarre et peu plaisant!

Fatigue

Bon, pourquoi je parle de ça? Et bien, les deux dernières semaines étaient très dures au niveau de l'énergie, de la fatigue, des maux de tête, de la vision floue et de tout le reste. Disons que mes batteries étaient à plat. Même les fourmillements dans la jambe gauche devenaient réguliers. Pour ajouter à tout ça, la préparation pour aller courir à Gatineau était extrêmement difficile. Ça m'a pris presqu'une journée et demi pour préparer mes choses!
Effectivement, tout ce qui est préparation est demandant. Je dresse une liste d'abord et essaie de la suivre calmement mais je tourne en rond, ça prend beaucoup de temps et la fatigue et tous les autres symptômes me hantent. Finalement, le calvaire arrête une fois que je suis dans la mini-van pour Gatineau.
Une fois à l'hotel, je m'endors finalement avec le fourmillement et l'engourdissement de ma jambe gauche. Tout ceci commence à devenir habituel dans mon rituel du coucher.

Le matin de la course

Le lendemain, la préparation ardue des jours précédent paie. Tout est déjà dans des sacs selon son utilité: un sac de préparation pour le matin, un sac à laisser dans la zone de transition, un sac pour après la course, mon sac à dos de course déjà chargé, etc, etc. Ça à l'air d'une préparation excessive, mais elle est vitale car je ne peux pas compter sur mes méninges le jour de la course.

C'était un vrai luxe d'être en compagnie d'amis qui peuvent penser à la logistique de se rendre au site de la course. Je pensais moins à la course qu'avoir assez de temps pour être prêt au départ car tout prend beaucoup de temps, et sous le stress de l'organisation tout devient embrouillé. Mais, la préparation des derniers jours a encore payé et j'étais à la ligne de départ avec une soixantaine d'autres troubadours pour courir 50 kilomètres dans les bois. Il y avait un point positif à cette anxiété, c'était que je ne pensais pas et ne stressait pas au sujet de la course elle-même.

La course

Le départ donné, le petit sentier était assez dense en coureurs. Je courrais assez lentement et je réfléchissait à une stratégie de course. Avant tout, cette course n'est pas une course cible mais plutôt une course d'entraînement. Il ne faut donc pas qu'elle me coûte trop cher en récupération. À la louche, ma stratégie était donc d'y aller très tranquillement en me gardant une option d'accélérer quand il restera 10 ou 20 kilomètres, ou même ne pas le faire, dépendant de comment je me sens. La course consistait en trois boucles, les deux premières identiques de 20 kilomètre et la dernière, d'à peu près 11 kilomètres. Donc, si accélération il y a, ce sera vers la moitié du deuxième tour ou au début du troisième.

Pendant les premiers kilomètres, au fur et à mesure qu'on avançait on s'étalait de plus en plus jusqu'à ne plus voir de coureurs devant ou derrière. Il y avait de courtes parties technique mais la majorité du parcours était assez roulant. À un moment donné, il n'y avait personne me précédant ou me suivant et je ne voyais plus les rubans rayés qui marquaient le sentier. De peur de m'enliser de plus en plus sur un mauvais sentier, je rebrousse chemin pendant 100 mètres ou plus pour finalement un ruban. J'examine le lieu où se trouvait ce ruban pour voir s'il y avait une croisée de sentiers mais rien. Je devais donc être sur le bon chemin. Donc je repars dans la direction initiale et vois finalement un ruban une centaine de mètres plus loin. Pendant tout ce temps, pas le moindre coureur à l'horizon. J'étais seul.

Je m'égare ou presque deux autres fois. À la première je manque un virage et continue tout droit. Heureusement, des coureurs qui me suivaient me crient et m'indiquent que je me trompais de chemin. La deuxième fois, c'est similaire, je continue tout droit mais cette fois il n'y avais pas de coureurs pour me corriger. J'atterri sur une route que je sais n'est pas sur le tracé. Je rebrousse chemin pour trouver le virage manqué.

Trois petites chutes

Même si le sentier n'était technique que par endroits, j'ai atterri sur le sol à trois reprises. Mais rien d'assez grave pour m'arrêter. Les bâtons n'étaient pas permis lors de la course, je ne sais donc pas s'ils auraient aidé.

La fin de course

Je n'ose pas accélérer après 30 kilomètres. Avec 20 kilomètres restants, c'est trop risqué. Je garde donc mon rythme conservateur. Avec 11 kilomètres restants, je passe au ravitaillement, rempli une gourde et laisse mon sac à dos pour m'alléger un peu: je n'aurais pas besoin d'autre chose que m'hydrater.

Et hop, mes jambes semblent toujours assez fraîches et j'accélère un peu. Je rejoint un premier coureur et un deuxième. Les coureurs dépassés, le décompte des kilomètres restants et les bonnes sensations dans les jambes m'encouragent à garder ou mieux, augmenter la cadence: troisième coureur, quatrième, ..., dixième.
Avec près de 4 kilomètres à faire, une bonne averse me tombe dessus pendant deux minutes. Un beau cadeau car elle rafraîchi. Elle tombe au bon moment car je ne me préoccupe pas pour les pieds mouillés et ampoules ou autre car je suis presque arrivé.
À près d'un kilomètre de l'arrivée j’aperçois Oliver. Ne voyant pas d'autres coureurs devant ou derrière, on s'accompagne jusqu'à l'arrivée.

Constat après la course

Je n'étais pas exténué après la course. Il me restait de l'énergie et c'était le but. Autre constat auquel je n'ai pensé qu'après être retourné à Montréal. La vision floue qui me hante souvent dans les courses n'était pas présente! C'est peut être parce que le dénivelé était modéré? La vision floue comme les autres symptômes de la sclérose en plaques apparaît le plus souvent quand la température corporelle monte. Sur un terrain plus accidenté, pendant une ascension on travaille plus fort et notre corps se réchauffe. Le résultat est problématique car souvent, la montée est suivie d'une descente et la vision est devenue floue. Descendre en sentier en ne voyant pas clair n'est pas très efficace.
Mais comme tous les autres symptômes, ils sont très imprévisibles. Une fois que j'établis une cause à l'effet, une contradiction se présente.

Autre constat, la fatigue mentale des deux semaines précédentes jusqu'à hier n'était pas présente. La course à pied à fait sa magie autant pendant qu'après la course. Même aujourd'hui, le lendemain, je me sens plutôt bien. Je sens la fatigue et les maux de tête venir à fur et à mesure que la journée avance. Écrire ce texte n'aide sans doute pas. C'est d'ailleurs une des raisons pourquoi je n'ai pas écrit autant que je voulais ces dernières semaines.

Apprentissages

Côté course, au fur et à mesure que les kilomètres avançaient j'apprenais à mieux négocier le genre de terrain. Plus particulièrement les montées et descentes. Vu que la majorité du trajet n'est pas très technique je pouvais tracer ma trajectoire d'avance, utiliser mon inertie pour commencer les ascensions. Relancer avant l'arrivée au sommet pour entreprendre la descente, etc.

Le deuxième apprentissage est au sujet des activités qui déclenchent les symptômes. Étrangement, ce n'est pas faire une tâche que d'essayer lire et comprendre les directives. Ce n'est pas courir 50 kilomètres, mais préparer ces choses pour le faire. Maintenant, que faire avec ça, il faudra que j'y pense.

La troisième est une confirmation. L'activité physique cardiovasculaire est bénéfique pour les méninges à long terme comme le démontrent maintes résultats de recherche sur la sclérose en plaques mais à ma surprise, aussi à court terme. Une fois le premier pas de course entamé, notre cerveau se met au repos. On ne pense qu'à l'immédiat. Dopamine, cortisol, endorphines, adrénaline, ... je ne sais pas ce qui se passe là dedans, mais je tombe dans un état et j'aimerai qu'il reste. Hélas, mon pauvre petit corps à ses limites. Je ne peux pas courir éternellement: Forrest Gump n'est qu'un personnage de film!

Vous voulez aider?

Dans le cadre de la course Harricana, je fais une levée de fonds pour la Société canadienne de la sclérose en plaques. Quelques dollars feront une grande différence, que ce soit 20$ ou tout ce que votre générosité peut.

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Quelques raisons pour donner:

  1. La scléroses en plaques nous touche directement. Le Canada est malheureusement le pays qui a la palme de la proportion de personnes atteintes dans le monde.
  2. C'est une maladie qui touche particulièrement les gens assez jeunes. La majorité des personnes apprennent qu'ils en sont atteints entre 20 et 40 ans alors qu'ils débutent leurs études, leur vie professionnelle ou établissent leur famille.
  3. La Société contribue une portion de ses revenus pour aider les personnes atteintes et les aider à répondre à leurs questions. Une des défis que pose la maladie est la variabilité d'une personne à l'autre et d'un jour à l'autre. On fini avec beaucoup plus de questions que de réponses sur les choses de tous les jours qui nous avaient l'air simples.
  4. La grande partie des donations est redistribuée aux universités pour financer la recherche, une recherche souvent indépendante de celle faite par les compagnies pharmaceutiques et qui n'est pas directement liée à des bénéfices financiers directs.

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