Embarquement prioritaire










Un des défis que pose la sclérose en plaques est qu'elle est souvent invisible aux autres. Après tout, la maladie touche le système nerveux central et les conséquences sont souvent invisibles mais très réelles.

Cela importe peu si ce n'était de la façon dont nous fonctionnons en tant qu'humains pour déterminer qu'est-ce qui est quoi. Je m'explique...

Si vous voyez dans la rue un objet qui comme dans l'image ci-bas vous allez sans même trop y réfléchir penser qu'il s'agit d'une borne fontaine. C'est bien normal car nous ne fonctionnerons pas si nous questionnons chaque chose qu'on voit. Peut-être que c'est une radio, un très grand crayon, un jouet, ou simplement une sculpture?
Vous êtes sûrement familiers à des références célèbres comme celle de Magritte dans sa série sur la "Trahison des images".
On se fie aux apparences, c'est essentiel pour pouvoir fonctionner tous les jours. Mais quand il s'agit de personnes, je pense que c'est là qu'on se doit de faire l'effort pour ne pas sauter trop vite aux conclusions.

Pourquoi je parle de ça? Je suis régulièrement les articles de nouvelles traitant de la sclérose en plaques. Il s'agit le plus souvent de nouvelles sur les avancées en recherche, les traitements, les collectes de fonds, etc. Mais parfois il s'agit de faits divers dont certains de discrimination envers les personnes atteintes. Un scénario que j'ai lu plus d'une fois est celui où une personne qui a la sclérose en plaques stationne dans un emplacement pour personnes handicapées. Son auto est immatriculée correctement, elle est donc dans son droit. Mais elle sort de son auto en marchant normalement jusqu'au magasin. L'histoire se poursuit d'habitude avec un témoin l'apercevant et soit la confrontant verbalement ou parfois même physiquement ou lui mettant une méchante note sur le pare brise comme quoi elle profite du système et qu'elle devrait avoir honte. Le justicier a assumé, selon les apparences, que la personne trichait et effectivement elle marchait sans problème. Le seul hic est que dans ces cas elle avait la plaque parce que ses symptômes étaient variables et ne sait pas si elle va marcher aussi facilement pour revenir à son véhicule.

Je ne vais pas crier au scandale car, il y a quelques temps, j'aurais moi-même été porté à poser jugement en voyant ceci ou du moins, je me saurais poser des questions car il y a trop de scénarios où la personne est dans ses droits et je n'ai aucune envie de jouer la vendetta. La discrimination est en notre nature et ça nous aide à voir des objets et déterminer rapidement ce qu'ils sont sans trop se poser de questions. L'importante distinction est qu'on a aussi un intellect qui se doit d'intervenir quand il s'agit de personnes et éviter de juger trop vite en fonction de leur apparence, leur sexe, leur couleur, leur âge, etc.

Tout ceci pour revenir au titre de l'article: "embarquement prioritaire". Il y a à un peu plus de deux semaines, je prenais le train pour Québec pour le travail. Arrivé tôt à la gare, je me suis assis sur un siège qui était libre. Je pouvais marcher mais mes mes jambes étaient fatiguées, engourdies, tendues, fourmillements, douleur, etc. En regardant autour de moi, j'ai vu un panneau indiquant que ces sièges étaient réservés pour les personnes ayant besoin d'aide: personnes avec de jeunes enfants, handicapées, etc. Mon premier réflexe était de me lever pour libérer la place pour quelqu'un qui en aurait besoin. Après quelques pas mes jambes m'ont rappelé que sans le vouloir j'étais étrangement dans la place appropriée. C'était effectivement très bizarre d'être dans cette situation très inhabituelle: je peux d'habitude courir, faire du vélo, nager et plus. Je peux donc bien attendre debout avec la foule? Mais ce matin, même si ça aurait été physiquement possible de rester debout et d'endurer l'attente, ça aurait été très peu confortable.

Après que l'annonceur indiquait l'ouverture de l'embarquement prioritaire et de la classe affaire je me suis dirigé vers l'escalier mobile qui mène au quai du train. Un jeune employée de Via Rail faisait le contrôle et m'indiqua que l'embarquement général n'était pas encore commencé et que la file, une assez longue file, était de l'autre côté. Je lui dit rapidement: 
"C'est pour l'embarquement prioritaire, j'ai ..."
Elle m'interrompit avant de pouvoir compléter la phrase pour m'inviter à descendre au quai.

Je sais que c'est son travail et qu'elle a sûrement eu plus d'une formation à ce sujet, mais je lève quand même mon chapeau. Je n'avais ni canne, ni chaise roulante, aucun symbole de handicap. Je ne boitais pas et j'avais mes deux jambes. J'avais l'air bien normal et elle ne m'a pas questionné et mis dans la situation inconfortable de devoir m'expliquer.

On souligne trop souvent les mauvaises expériences qu'on a et elles sont étrangement plus fréquentes quand on voyage. Cette fois ci, ce minuscule geste m'a fait bien réfléchir durant le trajet. Encore, chapeau à cette employée et à Via Rail si tel est leur protocole.

(En passant, je n'ai rien reçu de Via pour écrire ceci ni même leur en ai fait part 😉)

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